Theoctiste de Paros
Sainte Théoctiste était originaire du village de Méthymnie dans l’île de Mitylène (Lesbos). Depuis son enfance, elle s’exerçait aux combats de la vie qui rend semblable aux anges.
Parvenue à l’âge de dix-huit ans, elle se rendit un jour dans le village voisin pour visiter sa sœur. Or, la nuit même, des pirates crétois débarquèrent dans l’île, menés par le cruel Nisiris. Ils envahirent le village, le pillèrent et s’emparèrent des habitants, parmi lesquels se trouvait Théoctiste, pour les vendre en esclaves.
Le lendemain, ils s’embarquèrent avec leurs prisonniers pour l’île de Paros. Comme ils avaient fait descendre tous ces pauvres gens sur le rivage pour les compter et apprécier la valeur de leur prise, Théoctiste trouva l’occasion de s’enfuir. Elle s’enfonça en courant dans les épaisses forêts de l’île qui était alors déserte. Les pirates repartis, la sainte resta dans ces solitudes pendant trente-cinq ans, en souffrant toutes sortes de tourments.
Brûlée par le soleil l’été, transie de froid l’hiver, privée de toute consolation du corps, elle ne vivait que de quelques herbes sauvages. Pendant toutes ces années, elle ne vit âme qui vive, mais ne s’occupait que de converser avec Dieu, soutenue et consolée par l’assistance de la Mère de Dieu.
Après tant d’années, il advint qu’un chasseur passe devant les environs et s’arrête dans la grande et somptueuse église abandonnée de la Mère de Dieu (dite des ‘‘Cent-portes’’), où la sainte avait établi son refuge. Comme il l’avait vaguement aperçue, Théoctiste s’adressa à lui d’une voix effarée et lui dit de ne pas approcher davantage, car elle était nue. Elle lui demanda de lui jeter son manteau et lui apparut. Ses cheveux étaient entièrement blancs et son visage tout noirci par les combats contre les intempéries. On ne lui distinguait pas de chair, mais seulement un revêtement de peau ridée et durcie qui retenait ensemble ses membres et ses os. Pour tout dire, son corps n’apparaissait en fait que comme l’ombre d’un corps.
Elle raconta au chasseur stupéfait toute son histoire et combien de luttes elle avait menées pour Dieu. Puis, avant de le congédier, elle lui demanda de revenir sur l’île en lui apportant le saint Corps et le précieux Sang de notre Seigneur Jésus Christ pour qu’elle communie. Lorsque le chasseur revint en lui apportant les saints Mystères, Théoctiste resta quelques instants en prière, communia et lui demanda de repasser lorsque sa chasse serait terminée. A son retour, le brave chasseur découvrit la sainte morte. Il l’ensevelit comme il put, en versant d’abondantes larmes et en glorifiant Dieu.
Troparion t.5
Acclamons la vierge Théoctiste, * l'enfant de Méthymnie, la gloire de Paros, * lui disant: réjouis-toi, virginale brebis, * splendide épouse du Verbe divin; * prie-le sans cesse de prendre nos âmes en pitié.
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