Les Pères-Martyres du Mont Sinaï (*)

Bien longtemps avant que l’empereur Justinien fasse construire sur les flancs du mont Sinaï, telle une forteresse dans le désert, le monastère de Sainte-Catherine, de nombreux ascètes vivaient dans ce désert, où jadis Dieu avait éprouvé son peuple pendant quarante ans et lui avait montré tant de signes et de prodiges.

Grandes et admirables étaient les vertus de ces saints moines, de ces hommes délivrés de la lourdeur de la chair par les combats de l’ascèse et devenus semblables aux anges par l’application continuelle à la prière. Ils s’abandonnaient en tout à la Providence divine et restaient exposés sans défense aux pillards qui sillonnaient le désert.

Un jour, une troupe de Sarrasins fit halte près de l’église où les saints Pères avaient coutume de se réunir chaque dimanche pour la célébration des saints Mystères, et leur chef vint à mourir. Furieux, ces barbares massacrèrent alors sans pitié le supérieur de la communauté, Doulas, et tous les moines qui se trouvaient dans les cellules des environs. Leur sang abreuvait déjà le sol aride, lorsqu’une flamme immense, jaillie du sommet du Sinaï, fit apparaître toute la montagne de Dieu comme une colonne de feu et de fumée. Les barbares effrayés s’enfuirent en désordre, laissant derrière eux le spectacle affligeant de trente-huit corps de vénérables ascètes affreusement mutilés. Les uns avaient la tête coupée, retenue par un lambeau de peau sur leur poitrine ou dans leur dos, d’autres avaient été coupés en deux, d’autres gisaient éventrés ou les membres coupés.

Les quelques survivants les ensevelirent avec larmes, et trouvèrent deux autres moines encore vivants. L’un d’eux mourut le soir même et l’autre, nommé Sabas, quoique légèrement blessé, s’écriait en pleurant vers le Seigneur: « Malheur à moi le pécheur et l’indigne, qui reste seul exclu de la béatitude éternelle acquise aujourd’hui par les saints martyrs ». Le Seigneur entendit finalement sa prière, et il rendit l’âme, en complétant le chœur des quarante saint Pères.

* D’après certains, cet événement eut lieu sous le règne de Dioclétien et l’épiscopat de saint Pierre d’Alexandrie († 311, voir au 24 nov.), selon d’autres, sous le règne de Théodose le Grand († 395). Il est de toute manière difficile de déterminer dans quelle mesure les trois massacres commémorés aujourd’hui sont bien distincts.

Troparion t.4

Dieu de nos pères, * dont la clémence agit toujours envers nous, * n’éloigne pas de nous ta miséricorde, * mais par leurs supplications * gouverne notre vie dans la paix.

Kondakion t.2

De ce monde ayant fui la confusion, * vous êtes passés vers la sereine condition, * couronnés pour votre sang de Témoins * et pour vos ascétique efforts ; * aussi vous partagez la demeure des moines et des Martyrs.