Ghislain ou Guillain, évêque d’Athènes
fondateur du monastère de Celle, en Belgique
Le nom de saint Ghislain est, sans contredit, un des plus illustres entre tous ceux des apôtres étrangers qui vinrent prêcher la foi dans la Gaule-Belgique. Il reçut le jour dans l’Attique, de parents nobles selon le monde et également distingués par leur vertu. Tous les auteurs sont d’accord sur le lieu de sa naissance, et quoique son nom paraisse plutôt d’origine franque que grecque, ils disent qu’il faut supposer que saint Ghislain le changea quand il arriva dans ce pays, ou bien qu’il descendait d’un de ces Francs qui, pendant les invasions barbares, s’établirent dans la Grèce, où ils avaient été envoyés comme ambassadeurs par les premiers chefs mérovingiens.
Son heureux naturel lui fit faire de bonne heure de rapides progrès dans les études, et plus encore dans la piété, vers laquelle le portait son cœur innocent. Il paraît que plus tard, on l’envoya suivre les cours d’Athènes qui, bien que déchue de son ancienne splendeur, était toujours la mère des arts et des belles-lettres dans la contrée. Le jeune étudiant y continua les beaux exemples qu’avaient donnés, quelques siècles auparavant, saint Grégoire de Naziance (cf. 1er janv.) et saint Basile (cf. idem). Comme eux, il savait pratiquer la vertu malgré les séductions qui l’environnaient, et vivre d’une manière irréprochable au milieu de jeunes gens livrés au vice.
Ne trouvant auprès des docteurs de ces écoles, au lieu de la vérité qu’il cherchait, qu’une sagesse toute terrestre, il résolut de s’attacher uniquement à Dieu et embrassa la vie religieuse dans un monastère de l’Ordre de Saint-Basile. On reçut avec joie ce jeune disciple qui portait l’innocence empreinte sur le front et dont toute la conduite annonçait un homme rempli de l’Esprit de Dieu. Saint Ghislain eut promptement justifié cette haute opinion qu’on avait de son mérite. A peine fut-il admis dans la communauté, qu’on vit briller en lui les plus belles qualités unies aux plus rares vertus.
D’une foi vive et inébranlable, d’une humilité qui le portait à se mettre au-dessous de tous ses frères, il était toujours disposé à leur rendre les services de la plus affectueuse charité. Ses paroles respiraient l’amour de Dieu, et tous ceux qui l’approchaient trouvaient dans sa personne un charme innocent qui les attachait et les enflammait d’ardeur pour l’imiter. Aussi le nouveau religieux faisait-il la consolation de ses frères dans le monastère. Lui-même remerciait sans cesse la Providence qui lui avait inspiré la pensée salutaire d’embrasser un si saint état. Il trouvait ce que son cœur avait souvent demandé à Dieu, une vie réglée et conforme en tout à ses volontés adorables. Semblable à une industrieuse abeille, il cachait dans son cœur le miel composé des plus précieuses vertus, et offrait dans toute sa conduite d’admirables exemples d’obéissance et d’humilité.
Ce doux parfum qui embaumait son âme lui permettait de dire comme le Roi-prophète: « Vos paroles sont douces à ma bouche, Seigneur, elles sont plus douces que le miel et son rayon » (Ps. 19, 11). Une sainteté si éminente, dans un âge encore peu avancé, fit impression sur l’esprit des supérieurs, qui ne pouvaient douter que Dieu n’eût sur le jeune Ghislain de grands desseins. Ils jugèrent qu’il était digne d’être promu aux ordres sacrés, au sacerdoce même, auquel, malgré toutes les résistances de son humilité, il dut se préparer. Des auteurs pensent même qu’il fut placé, quelques années plus tard, sur le siège épiscopal d’Athènes. Quoi qu’il en soit de cette circonstance de sa vie sur laquelle les hagiographes ne s’accordent pas, saint Ghislain ne gouverna pas longtemps cette église.
Un jour qu’il était en prière, une vision lui fit connaître qu’il devait aller à Rome rendre ses hommages aux saints Apôtres. Il ne paraît pas que cette révélation lui eût indiqué dès lors le pays de Hainaut où il vint ensuite. Plein de confiance en Dieu et de soumission à Sa Volonté, il se hâta d’obéir à cet ordre du ciel. Ayant pris avec lui un certain nombre de ses disciples, il se dirigea vers Rome avec les sentiments d’un digne pèlerin.
Arrivé dans la capitale du monde chrétien, saint Ghislain visita toutes les églises, les oratoires et les lieux sanctifiés par les souffrances des martyrs. Prosterné au pied du tombeau des apôtres Pierre et Paul, il leur rendit tous les témoignages du plus filial attachement. C’est là que le Seigneur lui manifesta de nouveau Sa Volonté, en lui disant de passer les Alpes et les autres pays au nord de ces montagnes, jusqu’à ce qu’il rancontrât une province appelée Hainaut, où il fixerait sa demeure.
Soumis aux desseins de Dieu, le saint Apôtre renvoya alors dans leur pays les disciples qui l’avaient accompagné, à la réserve de deux, Lambert et Bellère, avec qui il se dirigea vers les lieux que le Seigneur lui avait indiqués. En arrivant dans les contrées voisines du Hainaut, saint Ghislain entendit prononcer le nom d’un serviteur de Dieu dont l’éloge était sur toutes les lèvres. C’était saint Amand (cf. 6 févr.), alors évêque de Maastricht, homme admirable par les travaux qu’il avait déjà accomplis et les nombreux monastères qu’il fondait en tous lieux.
Frappé de tout ce qu’on disait de lui, saint Ghislain se dirigea avec ses disciples vers ce saint Pontife, qu’il trouva dans sa ville épiscopale. Après avoir convervé ensemble et s’être édifiés et encouragés mutuellement, saint Ghislain se retira dans le Hainaut commencer un monastère à l’endroit où l’on voit aujourd’hui la ville qui porte son nom. Ce lieu était alors appelé Ursidongus, Ursidongue (retraite de l’ours ou de l’ourse). Ses vertus attirèrent bientôt auprès de lui des habitants du pays, à qui il enseignait les principes de la vie chrétienne. On ne pouvait assez admirer sa profonde humilité, son inaltérable douceur, sa prière presque continuelle, et son infatigable ardeur au travail.
Déjà plusieurs personnes, touchées de sa sainteté, voulaient s’attacher à lui et vivre sous sa conduite. Tous se réjouissaient en voyant s’élever dans la contrée un monastère qui serait dirigé par cet homme de Dieu. Sa réputation ne tarda pas à parvenir jusqu’aux oreilles de saint Aubert (cf. 13 déc.), évêque de Cambrai, dont ce lieu dépendait. Le prélat voulut connaître le pieux étranger qui instruisait et édifiait ainsi ses ouailles. Il le fit prier de venir auprès de lui.
Saint Ghislain, dont les désirs étaient prévenus par cette demande, eut hâte de se rendre près du vénérable évêque. S’étant mis en route, il arriva le soir dans un village appelé Roisin, entre les villes actuelles de Saint-Ghislain et du Quesnoy. Là, après avoir cherché quelque temps, il trouva un homme de bien qui s’empressa de lui donner l’hospitalité. Le matin, au moment où il se disposait à continuer sa route, son hôte lui dit: « Mon Père, je reconnais que vos œuvres sont agréables à Dieu; je vous supplie donc de vouloir bien revenir chez moi lorsque vous aurez terminé votre visite auprès de l’évêque ». Cette demande, où se révélait la piété de cet homme simple et droit, fut accueillie par saint saint Ghislain avec joie. Dieu plus tard la récompensera par une guérison inespérée.
Arrivé à Cambrai, saint Ghislain fut présenté à saint Aubert qui lui adressa ces paroles: « Mon frère, dites-moi qui vous êtes et quelle est votre dignité ? » — « Je suis grec de nation », répondit saint Ghislain, « et chrétien par le caractère: je suis né, j’ai été baptisé et élevé à Athènes. C’est de cette ville que, par l’ordre de Dieu, je suis venu d’abord à Rome, puis vers ce pays. Dans un lieu placé sur la rivière de Haine et qu’on appelle Ursidongus, j‘ai entrepris de construire, en l’honneur de Dieu, un oratoire dédié aux Saints Pierre et Paul, et votre bonté a prévenu l’intention que j’avais de me rendre auprès de vous, pour vous demander la permission d’achever cette œuvre que j’avais commencée ». Ces paroles si sages firent impression sur le cœur du saint évêque de Cambrai, qui se sentit aussitôt pénétré de respect et d’affection pour le vertueux étranger. Il l’encouragea beaucoup dans son entreprise, et lui promit qu’il irait le visiter et bénir son oratoire aussitôt qu’il serait achevé.
Comblé de joie par cette promesse, saint Ghislain se mit en chemin pour revenir à Ursidongus. Selon la parole qu’il avait donnée, il s’arrêta à Roisin chez l’hôte charitable qui l’avait reçu à son passage; mais cet homme, dont l’épouse commençait à ressentir les douleurs de l’enfantement, chercha dans le voisinage et procura à l’homme de Dieu une habitation plus convenable pour y passer la nuit. A peine était-il rentré dans sa demeure, qu’il accourut tout éperdu auprès de saint Ghislain: « Serviteur de Dieu », s’écrit-il, « venez au secours de mon épouse qui va mourir; daignez prier Dieu pour elle ». Touché jusqu’au fond de l’âme par cette voix suppliante, le Saint lui répondit avec bonté: « Cessez de vous livrer à la tristesse, car quand vous rentrerez chez vous, vous trouverez votre épouse en pleine santé, et elle vous aura donné un fils(*). La parole de l’homme de Dieu eut sur-le-champ son accomplissement; ce qui causa une joie inexprimable dans toute la famille et le village. Le Saint baptisa lui-même l’enfant, et le père, afin de témoigner sa reconnaissance, donna une partie de ses biens pour l’achèvement de l’église des Saints Pierre et Paul dans le nouveau monastère.
Revenu auprès de ses disciples, saint Ghislain acheva avec joie les travaux si heureusement commencés. Puis, quand tout fut préparé pour la consécration, il envoya un message au vénérable évêque de Cambrai. « Père », lui disait-il, « le temps est proche où, comme vous l’avez promis à votre serviteur, vous daignerez venir donner votre bénédiction à son œuvre ». Saint Aubert, accompagné de saint Amand, qui avait repris sa vie apostolique, se rendit avec lui à Ursidongus. Ce lieu prit dès lors le nom de Cella ou Celle. Tous deux furent reçus avec le plus profond respect par saint Ghislain et les disciples réunis auprès de lui. Au milieu d’un immense concours de peuple accouru pour assister à la cérémonie, ils consacrèrent à Dieu, sous les auspices de saint Pierre et de saint Paul, cette nouvelle maison de prière, autour de laquelle s’éleva dans la suite la ville de Saint-Ghislain.
Parmi les nombreux assistants présents pour cette solennité, on remarquait surtout le Comte Mauger, époux de sainte Vaudru (cf. 9 avril) qui prit alors la résolution de se séparer du siècle pour s’attacher uniquement au service de Dieu. Le Bienheureux Ghislain, témoin de cette conversion éclatante, l’encouragea de toutes les manières. Il fut aussi quelque temps après d’un grand secours à sainte Vaudru pour l’exécution d’un semblable dessein. Cette sainte femme, qui nourrissait en son cœur le désir de vivre dans le silence et la prière, et qui n’avait pas été étrangère à la détermination de son époux, profita de la facilité que lui offrait sa retraite pour se réfugier elle-même dans quelque solitude. Saint Ghislain lui donna les moyens d’accomplir cette résolution, et ses sages conseils, en même temps qu’ils firent avancer sainte Vaudru dans la pratique des plus sublimes vertus, augmentèrent encore dans le cœur d’Aldegonde (cf. 30 janv.), sa sœur, le désir de l’imiter. Ce bonheur fut en effet accordé à cette Sainte quelque temps après, quand elle alla bâtir le monastère de Maubeuge, où elle se renferma avec les deux filles de sainte Vaudru.
On ne connaît point le détail des rapports qu’eurent ensemble jusqu’à la fin de leur vie ces saintes âmes, si ce n’est par quelques faits détachés qui montrent combien Dieu se plaisait à répandre sur elles ses faveurs. Les auteurs qui citent la révélation, dans laquelle sainte Aldegonde aperçut l’âme du bienheureux Amand, s’envolant au ciel sous la forme d’un beau vieillard environné d’une multitude joyeuse et triomphante, ajoutent qu’elle rapporta cette vision à sa sœur sainte Vaudru et à saint Ghislain. Celui-ci lui dit alors: « Si vous avez mérité de voir le Dieu du ciel couronner son serviteur Amand, c’est pour votre bien; car sachez que la fin de votre vie approche. Demandez au Seigneur de vous envoyer quelque infirmité qui achève de vous purifier, et vous prépare à recevoir la récompense dont jouit déjà le bienheureux Amand ». Jusque la plus extrême vieillesse, saint Ghislain allait de temps en temps converser de choses spirituelles avec la vénérable sainte Vaudru; et lorsque les infirmités de l’âge ne permirent plus à l’un et à l’autre de faire tout le trajet qui séparait les deux monastères de Celle et de Mons, ils bâtirent, d’un commun accord, un petit oratoire en l’honneur du saint martyr Quentin (cf. 31 oct), dans un lieu appelé Quaregnon. C’est là qu’ils se rendirent quelquefois à l’exemple de saint Benoît (cf. 11 juil.) et de sa sœur sainte Scholastique (cf. 10 févr.), dont ils reproduisaient parfaitement la conduite et la sainteté.
Telle fut la vie de saint Ghislain, ornée de toutes sortes de vertus. Il répandit dans toute la contrée la bonne odeur de Jésus Christ et se montra son véritable disciple par sa charité envers les pauvres, son amour pour Dieu, et par l’accomplissement fidèle de tous les devoirs de la vie religieuse. Il mourut vers 680, en paix dans un âge avancé, et fut enterré par ses disciples dans l’église de son monastère.
On peint fréquemment près de lui une ourse avec son ourson: nous avons indiqué la raison de cette caractéristique.
*On raconte que, le Saint donna sa ceinture pour être placée en forme de baudrier autour du corps de la mère. De là, dit-on, le nom de Baudri que portèrent tous les aînés de cette noble famille de Roisin.
Culte et reliques — Confrérie — Pèlerinage:
Son corps reposa dans l’église de son monastère, jusqu’à l’époque où Charlemagne chargea l’abbé Eléfant d’en construire une autre plus spacieuse et plus magnifique. Halitgaire, évêque de Cambrai, la consacra, l’an 818, sous le règne de Louis le Débonnaire. Le corps saint y fut alors porté et bientôt après oublié à cause des invasions des Normands et du découragement général qui abattait tous les esprits. Le monastère lui-même resta en ruines jusqu’à ce que, en 929, un aveugle, averti pendant son sommeil, se rendit auprès de ces décombres pour prier et y recouvra la vue. Il fit faire aussitôt des recherches pour retrouver les reliques du Saint, dont le culte reprit une nouvelle extension. En 933, le monastère fut relevé, mais cinq ans plus tard, un incendie le réduisit encore en ruines: heureusement, les reliques furent épargnées.
Ces reliques furent portées le 22 septembre 1023 à la consécration de l’église de Saint-André, du Cateau, faite par l’évêque Gérard de Florines ; en 1030, à la consécration de la cathédrale de Cambrai ; en 1064, à celle de l’église du monastère de Saint-Sépulcre, sous le bienheureux Liébert, et en 1070 à celle de l’église des apôtres saints Pierre et Paul, à Hasnon. Tous ces faits prouvent d’une manière éclatante le respect et la dévotion que l’on avait au XIè siècle pour ce grand serviteur de Dieu. On en trouve d’autres témoignages dans les siècles suivants : en 1161, le 6 juin, les reliques de saint Ghislain sont portées à Maubeuge pour assister à la translation solennelle de celles de sainte Aldegonde ; en 1180, elles sont placées dans une nouvelle châsse par Roger, évêque de Cambrai ; en 1491, le 15 janvier, l’évêque de Cambrai, Henri de Berghes, les visite et en sépare un bras pour être présenté à la vénération publique. Ce bras ayant disparu dans les guerres du XVIè siècle, l’archevêque de Cambrai, Louis de Berlaymont, le remplaça, en 1588, par l’autre bras qui fut exposé à la piété des fidèles. En 1626, le jour de Saint-Luc, François Vander-Burgh, aussi archevêque de Cambrai, plaça dans une nouvelle châsse, préparée à cet effet, une grande partie des reliques de saint Ghislain, et en 1628, le jour de Saint-Jean l’évangéliste, l’abbé de Crespin mit la tête du Saint dans une fierte particulière.
Enfin, une confrérie, appelée confrérie de la charité, fut érigée en l’honneur de saint Ghislain, confirmée en 1120 par Burchard, évêque de Cambrai, et en 1123, par le souverain pontife Callixte II. On l’appela plus tard la confrérie de Saint-Ghislain. Beaucoup de seigneurs et de personnes nobles voulurent en faire partie, entre autres Philippe IV, roi d’Espagne, et son épouse. Le pape Urbain VIII, par une bulle de l’année 1625, enrichit cette confrérie de beaucoup de faveurs spirituelles. Les élèves du collège du Lys, en l’université de Louvain, avaient adopté saint Ghislain pour leur patron et célébraient chaque année sa fête avec solennité. Aujourd’hui encore, dans l’église métropolitaine de Cambrai, il existe une confrérie de Saint-Ghislain que la piété des fidèles a rendue célèbre. Peut-être quelques documents authentiques permettraient-ils de la rattacher à celle qui fut confirmée en 1120 par l’évêque Burchard. Avant la révolution de 1793, elle appartenait à la paroisse de Saint-Nicolas; mais cette église ayant été détruite, les reliques du Saint ainsi que l’association furent transportées à la métropole. Cette confrérie est double; l’une est particulièrement destinée aux jeunes enfants, l’autre aux grandes personnes. Ces enfants, quelque temps après leur naissance, sont apportés dans l’église par leurs parents et recommandés à la protection du saint, afin qu’il les délivre des maladies et des dangers auxquels ils sont exposés à cet âge. Si quelques-uns d’entre-eux meurent dans les premières années de l’enfance, l’association fait chanter une messe dite des anges. Quant aux grandes personnes, qui se mettent aussi dans cette confrérie afin d’être délivrées d’accidents et surtout de certaines maladies, comme le mal caduc et autres semblables, leur nombre est aussi très-considérable. A la mort de chaque associé, on fait célébrer une messe pour le repos de son âme. De plus, le mercredi de chaque semaine, on chante un salut en l’honneur du saint patron, et le second dimanche d’octobre, sa fête est célébrée avec solennité. Pendant l’octave qui la suit, une foule de pèlerins de la ville et des villages voisins viennent rendre leurs hommages à leur digne protecteur et se recommander à sa puissante intercession.
Le village de Roisin est devenu un lieu de pèlerinage à saint Ghislain pour les femmes dont les couches approchent. Elles y vont même quelquefois après, quand elles ont été heureusement délivrées. La ville de Saint-Ghislain est aussi un lieu de pèlerinage très fréquenté. Les pauvres mères qui craignent pour la vie de leurs chers nourrissons, les portent à Saint-Ghislain. Le prêtre récite sur eux l’Evangile, leur fait toucher les reliques du saint, et souvent, après ce pieux voyage, les hideuses convulsions et les frayeurs naturelles aux jeunes enfants, surtout à l’époque de la première dentition, se trouvent apaisées: touchant bienfait de la divine clémence qui récompense la foi naïve des mères par le salut de leurs enfants !
Extrait des Saints de Cambrai et d’Arras, par l’abbé M. l’abbé Destombes.
Tiré des Petits Bollandistes — Vies des Saints — Tome 12.
|