Nil d’Ancyre, l’ascète au Mont Sinaï

Saint Nil était originaire d’Ancyre en Galatie. Il fut disciple de saint Jean Chrysostome (cf. 13 nov.) lorsque celui-ci enseignait à Antioche, et devint préfet de la ville de Constantinople sous Théodose (379-395). Il était marié à une pieuse et noble femme, dont il eut deux enfants. Mais au bout de quelques années, consumé d’amour pour Dieu et la vie solitaire, il réussit à persuader sa femme de se séparer et de partir vivre comme moines en Egypte, en emmenant avec eux respectivement leur fils et leur fille.

Saint Nil et son fils Théodule se retirèrent au Mont Sinaï, sur les pentes escarpées où Dieu était apparu à Moïse et où un grand nombre de moines vivait dans l’ascèse et la solitude, en ne se réunissant que pour la Synaxe et le repas fraternel le dimanche et les jours de grandes fêtes. Ils vécurent ainsi tous deux longtemps, dans la tranquillité, à lutter contre les assauts des démons par le jeûne, la veille et l’invocation patiente du Nom de Jésus.

Un jour qu’ils étaient descendus vers l’emplacement du Buisson ardent (cf. Ex. 3) pour prier et s’entretenir spirituellement avec les moines qui y demeuraient, une bande de Sarrasins surgit, massacra une partie des saints Pères, fit mettre à nu et chassa une autre partie vers la montagne, et s’empara des plus jeunes afin de les vendre comme esclaves. Saint Nil avait été rangé parmi ceux qui devaient s’enfuir sans plus attendre pour ne pas être tués, mais il ne pouvait se résoudre à se séparer de Théodule, lequel était parmi les prisonniers; aussi, ce fut le jeune garçon lui-même qui donna à son père l’ordre de s’enfuir(*).

Nil et ses compagnons gagnèrent les hauteurs du Sinaï, où les barbares n’osaient pas s’aventurer, de peur d’être consumés par le feu de la Gloire de Dieu. Dès lors, le Saint, surmontant sa peine, s’adonna avec plus de rigueur à l’ascèse. Il acquit une haute renommée pour sa science spirituelle, son discernement et son don de prophétie. De toute part, on lui adressait des questions auxquelles il répondait par un grand nombre de lettres touchant tous les sujets. Il excellait en particulier à déceler les ruses des démons et à réconforter ceux qui étaient accablés ou découragés dans leur chemin vers Dieu. Mais il répondait aussi à de nombreuses énigmes que pose l’Ecriture, défendait la foi orthodoxe contre les ariens et les autres hérétiques, ou prenait encore, avec vigueur, la défense de saint Jean Chrysostome, injustement exilé.

Il écrivit en outre un grand nombre de traités ascétiques où il loue la vie monastique comme étant la « vraie philosophie », « la Philosophie du Saint-Esprit », qui nous donne, par la correction de nos mœurs et l’exercice assidu de la prière, la vraie connaissance.

Après plusieurs années, il réussit à retrouver Théodule, et ils furent tous deux ordonnés prêtres par l’évêque d’Eluse, qui avait recueilli Théodule. Saint Nil s’endormit dans la paix vers 430; ses reliques furent transférées à Constantinople et vénérées dans l’Eglise de l’Orphelinat, dédiée à Saint Paul, sous l’empereur Justin (518-527).

* On commémore le martyre de ces saints moines et saint Théodule le 14 janvier.

Troparion t.8

Par les flots de tes larmes tu as fait fleurir le stérile désert, * par tes profonds gémissements tu fis produire à tes peines cent fois plus, * par tes miracles étonnants tu devins un phare éclairant le monde entier: * vénérable Père, saint Nil, prie le Christ notre Dieu * de sauver nos âmes.

Kondakion t.8

C'est à la racine que tu as coupé, * bienheureux Nil, par tes vigilantes oraisons * les rebelles broussailles des corporelles passions; * par le crédit que tu possèdes auprès du Seigneur, * délivre-moi de tout péril, afin que je puisse te chanter: * Réjouis-toi, Père acclamé du monde entier.