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5 juillet
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Athanase de l’Athos

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Athanase de l’Athos

 

 

Cet astre brillant dans le firmament des Pères, naquit vers l’an 930, à Trébizonde (Pont), de parents nobles, et fut nommé Abraamios au saint Baptême. Resté orphelin de père et de mère peu après sa naissance, il fut recueilli par une parente de sa mère, épouse d’un des personnages les plus en vue de Trébizonde. Enfant, il ne s’adonnait pas aux jeux turbulents, mais emmenait ses compagnons dans la forêt ou près d’une grotte et jouait le rôle d’higoumène. Ses rapides progrès dans les études faisaient l’admiration de ses proches et, à peine parvenu à l’âge adolescent, il fut remarqué par un haut fonctionnaire impérial en mission dans la ville, qui le prit en affection et l’emmena avec lui à Constantinople. Accueilli dans la maison du stratège Zéphinézer(1), il poursuivit ses études sous la direction d’un maître remarquable, Athanase, et fut même bientôt promu professeur adjoint, malgré son jeune âge.

Son application aux lettres ne lui faisait cependant pas négliger la vie ascétique, qu’il aimait depuis son enfance, et il se montrait moine avant l’heure et lutteur avant même d’entrer dans l’arène. Il fuyait la riche table du général et échangeait les victuailles qu’on lui faisait parvenir par deux serviteurs, contre un pain d’orge, qu’il mangeait de deux jours en deux jours. Il ne s’allongeait pas pour dormir et luttait contre le sommeil en s’arrosant le visage d’eau froide. Quant aux vêtements, il les distribuait aux pauvres, et quand il n’avait plus rien à donner, il se retirait dans un coin pour se dépouiller de ses sous-vêtements.

Des élèves accouraient de partout vers Abraamios, et d’autres désertaient l’établissement de son maître, non seulement à cause de sa science et de ses capacités d’enseignement, mais surtout en raison de son affabilité, de sa vie sainte et de son aspect divin. L’empereur Constantin VII Porphyrogénète le transféra dans un autre établissement; mais, comme les disciples s’attachaient à lui plus fort que le lierre au chêne, pour ne pas être cause de scandale et de rivalité avec son ancien maître, Abraamios — qui considérait les honneurs comme une honte — décida de renoncer à la carrière professorale, et avec elle à tous les soucis du siècle.

De retour à Constantinople, après un séjour de trois ans dans la région de la mer Egée, en compagnie du stratège, celui-ci le mit en relation avec son parent, saint Michel Maléïnos (cf. 12 juil.), higoumène de la Laure du Mont Kyminas, qui était bien connu de tous les gens de qualité. Conquis par cet homme divin, le jeune homme lui dévoila son désir d’embrasser la vie monastique. Vers la fin de cet entretien, se présenta chez saint Michel, son neveu, Nicéphore Phocas, alors stratège des Anatoliques, qui se lia aussitôt d’une grande affection, mêlée d’admiration, pour Abraamios.

Celui-ci, ayant trouvé le père spirituel que son cœur désirait, suivit saint Michel au Mont Kymias, où il reçut rapidement le Petit-Habit sous le nom d’Athanase. L’ancien, ayant discerné que son jeune et ardent disciple était déjà avancé dans les pratiques ascétiques, et désirant faire de lui un soldat de Jésus-Christ aguerri dans l’obéissance, lui refusa l’autorisation de manger une fois par semaine, mais seulement tous les trois jours, et lui ordonna de dormir sur une natte, et non sur un siège comme il en avait l’habitude.

Athanase, qui avait reçu les charges de copiste et d’aide-sacristain, se soumettait volontiers à tout ce qui contrecarrait sa volonté propre, si bien que ses condisciples émerveillée le surnommèrent ‘’fils de l’obéissance’’. Il montra un tel zèle, qu’en moins de quatre ans, il atteignit la pureté de l’intellect et, gratifié par Dieu des arrhes de la contemplation, fut jugé digne de s’engager dans le stade de la vie hésychaste. Michel lui permit de se retirer dans une petite cellule érémitique, à un mille environ du monastère, de s’y nourrir de pain sec et d’eau, tous les deux jours, et d’y passer le nuit entière dans la veille. C’est dans cette retraite que Nicéphore Phocas, en visite au Kyminas, vint le trouver et lui dévoila son intention de devenir moine en sa compagnie, dès que les circonstances le lui permettraient(2).

Peu après, saint Michel ayant laissé entendre à ses proches qu’Athanase deviendrait son héritier dans la grâce et la direction des âmes, certains moines, croyant qu’il voulait faire de lui son successeur dans l’higouménat, commencèrent à venir importuner le jeune ascète par leurs flatteries. Brûlé par l’amour de l’hésychia et repoussant tout honneur, le saint choisit une fois de plus la fuite et, n’emportant avec lui que ses vêtements, deux livres et la cuculle de son père spirituel, il se rendit directement au Mont Athos, qu’il avait admiré depuis l’île de Lémnos lors de son séjour en Egée, et où ne vivaient alors que des ermites, habitant dans des huttes de branchages, et qui, étrangers à tout souci, ne possédaient rien et ne travaillaient pas la terre. Après avoir admiré leur mode de vie en une courte visite, il se rangea sous la direction d’un ancien fort simple, qui résidait dans la partie nord de la péninsule, le Zygos, en se faisant passer pour un marin victime d’un naufrage, du nom de Barnabé; et pour écarter tout soupçon sur son origine, il feignit d’être illettré et incapable d’apprendre même l’alphabet.

Entre temps, Nicéphore Phocas, qui avait reçu le titre de Domestique des Scholes, faisait rechercher partout Athanase. Il écrivit même au juge de Thessalonique, lui demandant d’enquêter sur le Mont Athos. Celui-ci s’adressa au prôtos Etienne, qui lui répondit ignorer la présence d’un tel moine. Le jour de la Nativité, lors de la vigile qui rassemblait tous les Athonites dans la modeste église du Protaton à Karyès, le prôtos reconnut à la noblesse d’allure du jeune Barnabé, le moine qu’on lui avait décrit, et lui ordonna de faire la lecture de l’homélie de saint Grégoire le Théologien (cf. 25 janv.). Athanase commença par ânonner comme un enfant, mais le prôtos lui ayant intimé l’ordre de lire ‘’comme il le savait’’, ne pouvant plus dissimuler, il se mit à lire de telle manière que tous les moines admiratifs vinrent se prosterner devant lui. Le plus en vue d’entre eux, Paul de Xiropotamou (cf. 28 juil.), prédit que celui qui était venu après eux sur la Montagne, les devancerait dans le Royaume de Dieu, et que tous les moines allaient se ranger sous sa direction. Le prôtos prit Athanase à l’écart et, ayant appris toute le vérité, il lui promit de ne pas le trahir et lui assigna une cellule solitaire, à trois stades de Karyès, où il pourrait converser sans distraction avec Dieu seul. Le saint y subvenait à ses besoins en copiant des livres, et il montrait une telle dextérité dans cette activité qu’il recopiait, d’une écriture élégante et soignée, un Psautier par semaine.

La lampe ne pouvait cependant rester longtemps cachée sur la Montagne, et quand le frère de Nicéphore, Léon Phocas, se rendit en pèlerinage à l’Athos pour rendre grâces à Dieu après une campagne victorieuse contre les barbares, il réussit à découvrir Athanase. Les moines athonites, constatant que le bienheureux était si cher à des personnages aussi haut placés, lui demandèrent d’intercéder auprès de Léon, pour que l’église du Protaton fût reconstruite et agrandie. Il obtint aussitôt satisfaction et, après avoir pris congé de son puissant ami, il retourna dans sa solitude. Mais, comme les moines venaient sans cesse lui demander conseil, il prit de nouveau la fuite, en quête de l’hésychia, et se retira sur le cap sud de la Montagne, dans un endroit désert, battu par les vents, Mélana. Il y fut rudement éprouvé par le démon, qui déclenchait contre l’ascète toutes ses machinations, et surtout la ‘’guerre de l’acédie’’, l’épreuve particulière des ermites. L’ennemi lui provoquait une telle sécheresse spirituelle que, parvenu presque au découragement complet, Athanase souhaitait quitter ce lieu; mais dans un suprême effort, il décida cependant de prendre patience jusqu’à la fin de l’année. Le dernier jour venu, alors qu’il se préparait à quitter Mélana, n’ayant trouvé aucun apaisement dans l’épreuve, une lumière céleste le pénétra soudain, le remplissant d’une joie ineffable et lui procurant de don des larmes, qu’il versa dès lors, sans effort, jusqu’à la fin de ses jours; c’est pourquoi ce lieu lui devint aussi cher qu’il lui était haïssable auparavant.

Sur ces entrefaites, Nicéphore Phocas, qui avait reçu le commandement de toute l’armée byzantine pour délivrer la Crète des Arabes, qui épouvantaient toutes les côtes par leurs raids de piraterie, envoya des messagers dans les centres monastiques du temps — et particulièrement à l’Athos, car il avait appris par son frère qu’Athanase s’y trouvait — demandant qu’on lui envoie des moines capables de l’aider par leurs prières. Les Pères de la Sainte Montagne réussirent à vaincre les résistances de l’amant de l’hésychia, en lui rappelant que plusieurs moines se trouvaient prisonniers des Arabes; et Athanase arriva en Crète, en compagnie d’un ancien, peu après l’écrasante victoire de Nicéphore (961). Transporté par la joie de retrouver son père spirituel, celui-ci lui confirma qu’il avait toujours l’intention de se retirer du monde, et il le supplia de commencer la fondation d’un monastère près de son ermitage pour les abriter. L’homme de Dieu, estimant que travailler à son propre salut était déjà une assez lourde charge, et fuyant toute occasion de soucis et de dissipation, refusa cette proposition et repartit pour l’Athos. Nicéphore envoya à sa suite un de ses proches, Méthode, qui devint ensuite higoumène du Kyminas, et ce dernier réussit à convaincre Athanase d’entreprendre la fondation. Avec l’or offert par Nicéphore, on put rapidement construire un oratoire dédié au Précurseur avec des cellules érémitiques destinées à Athanase et Nicéphore(3); et, au départ de Méthode, on commença l’édification d’une grande église de la Mère de Dieu et de la Laure, dite ‘’de Mélana’’(4), à l’emplacement même où Athanase avait été délivré de l’acédie par la vision de la lumière divine. Athanase ayant chassé par sa prière le démon qui avait paralysé les ouvriers, ceux-ci décidèrent de devenir moines et furent tonsurés par le saint qui, avant de les accepter comme disciples, alla recevoir le Grand-Habit des mains d’un ermite des environs, Isaïe.

Cette année-là (962-963), une terrible famine frappa tout l’Empire, si bien que le ravitaillement de la Laure se trouva interrompu. Athanase ayant décidé d’aller demander conseil aux anciens à Karyès, rencontra en chemin la Mère de Dieu, qui fit jaillir devant lui une source d’eau abondante(5), et elle lui recommanda de ne pas s’inquiéter, car elle assumerait elle-même, pour la suite des temps, la charge d’‘‘Econome’’ du Monastère(6). Et lorsque le saint rentra au Monastère, la Toute-Sainte lui montra les réserves pleines.

Par la grâce de Dieu et la prière du saint, les travaux avancèrent rapidement, malgré les grandes difficultés dues à cet endroit escarpé, plein de pierres et de broussailles épaisses. A l’église, munie de deux chœurs en forme de croix(7), on ajouta un réfectoire(8), une hôtellerie, un hôpital muni d’un bain, un aqueduc, un moulin et tout ce qui était nécessaire à la vie d’un grand monastère. Le nombre de moines croissant rapidement, le saint veillait aussi à l’organisation de la communauté, en réglant dans le plus grand détail, tant les offices liturgiques que les observances quotidiennes, selon le modèle du monastère du Studion: de manière à ce que tout y soit accompli dignement et dans l’ordre, et que les moines, dépouillés de tout bien et de leur volonté propre, puissent persévérer d’un seul cœur et sans souci dans la glorification permanente de Dieu. Pour saint Athanase, la vie au monastère consiste à: « Regarder en commun le but de la vie, c’est-à-dire le salut, et former dans la vie cénobitique un seul cœur et une seule volonté. Que d’un commun désir toute la fraternité ne forme qu’un seul corps constitué de plusieurs membres »(9).

Tout semblait pour le mieux, quand parvint la nouvelle du couronnement de Nicéphore sur le trône impérial (963). Désemparé par ce qu’il estimait être une trahison, Athanase, sous prétexte de se rendre à Constantinople, s’embarqua sur-le champ avec trois disciples. Mais à peine éloigné de la côte, il envoya l’un d’eux auprès de souverain, porteur d’une lettre annonçant sa démission, chargea le second, Théodote, de porter cette nouvelle à la Laure, et il se dirigea avec le troisième, Antoine, vers l’île de Chypre. Il s’y présentèrent au monastère des ‘’Prêtres’’, prétendant être des pèlerins qui, ayant renoncé à gagner la Terre Sainte occupée par les Sarrasins, demandaient à vivre en ascètes à proximité. La joie de Nicéphore en accueillant l’envoyé se son père spirituel fut rapidement ternie à la lecture de sa lettre, et aussitôt il fit rechercher Athanase. Pendant ce temps la Laure, privée de son père, périclitait rapidement, et les moines orphelins ne pouvaient trouver ni consolation ni harmonie.

Quand les deux fugitifs apprirent que l’higoumène avait été informé que l’empereur recherchait deux moines correspondant à leur signalement, ils prirent la fuite. Les vents les ayant repoussés sur le littoral de l’Asie Mineure, près d’Attalia, Athanase eut une vision lui révélant la situation lamentable dans laquelle se trouvait la Laure, et lui annonçant qu’elle était promise, sous sa direction, à un brillant avenir. Ils n’avaient pas plutôt décidé de prendre le chemin du retour que, par une coïncidence providentielle, ils rencontrèrent Théodote, qui s’était mis en route pour Chypre, afin d’y trouver le saint et lui rapporter quelle était le situation à l’Athos.

A son retour au monastère, Athanase fut reçu par ses moines comme le Christ entrant dans Jérusalem, et la Laure reprit rapidement vie. Il se rendit peu après à Constantinople. L’empereur Nicéphore, confus, n’osa pas le recevoir avec la pompe habituelle, et c’est vêtu simplement qu’il prit le saint à part, dans sa chambre, pour lui présenter ses excuses et l’inciter à prendre patience jusqu’à ce que les circonstances lui permettent de réaliser ses promesses. Athanase, ayant reçu de Dieu le révélation que Nicéphore allait mourir sur le trône, l’exhorta à la justice et à la mansuétude, puis il prit congé, muni d’un chrysobulle qui accordait à la Laure le titre de monastère impérial, avec une rente annuelle considérable, et lui cédait le couvent de Saint-André de Péristéra, dans la région de Thessalonique, comme dépendance (Métochion)(10).

De retour à l’Athos, le saint reprit la direction des travaux. Au cours de l’aménagement du port, il fut gravement blessé au pied et dut rester alité pendant trois ans, mais il tira profit de cette immobilité pour se consacrer davantage à Dieu et à la direction spirituelle des frères.

A la mort de Nicéphore Phocas, assassiné par Jean Tzimiskis qui monta alors sur le trône (969-976), comme le nouveau souverain se trouvait fort mal disposé envers le saint à cause de son attachement à son prédécesseur, certains ermites, hommes simples et attachés à leur forme ancienne de vie, accusèrent Athanase de transformer la Sainte Montagne en un lieu mondain par ses constructions, ses plantations et l’établissement d’un grand monastère. L’empereur convoqua Athanase à Constantinople, mais le saint fit sur lui si grande impression, que Tzimiskis changea du tout au tout son attitude à son égard et lui accorda par chrysobulle une rente double de la précédente. Puis il envoya à l’Athos Euthyme de Studion, avec pour mission d’apaiser le conflit provoqué par le diable et de donner à la Sainte Montagne sa première organisation officielle (972)(11). De ce moment, on vit des monastères cénobitiques remplacer les cabanes(12), et les ermites réconciliés avec les cénobites échanger leurs biens propres: les uns offraient aux cénobites leur souci de l’hésychia et de la prière continuelle, tandis que les autres procuraient aux ermites l’ordre et l’harmonie sous la direction de l’higoumène, placé au centre de la communauté comme image du Christ.

On voyait des ermites abandonner leur désert, des higoumènes renoncer à leur monastère et même des évêques démissionner, pour venir se ranger sous la direction d’Athanase. Des disciples accouraient à l’Athos, venus d’Italie, de Calabre, d’Amalfi(13), d’Ibérie(14) et d’Arménie. Et des anachorètes de renom, comme le bienheureux Nicéphore le Nu(15), préféraient renoncer à leurs austérités, pour jouir de l’enseignement du saint higoumène et trouver la perfection par l’ascèse de l’humilité et de la soumission.

La prière du saint était si puissante contre les démons que ces derniers entouraient invisiblement la Montagne, sans pouvoir porter atteinte à ses moines; mais ils continuaient néanmoins de s’attaquer à Athanase lui-même. Un jour, ils suggérèrent à un moine négligent, qui avait pris en grippe la tension ascétique du saint, d’attenter à sa vie. Il se présenta de nuit à la porte de la cellule de l’higoumène; mais dès qu’Athanase sortit et l’embrassa paternellement, le malheureux laissa choir son glaive et, tombant à ses pieds, confessa son funeste dessein. Le saint lui pardonna aussitôt et lui témoigna dès lors une plus grande affection qu’à tous ses autres disciples.

Se faisant tout pour tous, moines du cénobion, ascètes des alentours ou pèlerins venus de toutes parts pour trouver à la Laure la guérison de l’âme ou du corps, saint Athanase n’en cessait cependant pas son entretien permanent avec Dieu ainsi que ses combats ascétiques. En période de jeûne il ne mangeait rien de toute la semaine, et en temps ordinaire son régime était celui des moines soumis aux plus sévères pénitences. Quand il assistait au repas, il distribuait sa part, de sorte que, sans qu’on s’en rendît compte, il ne mangeait guère plus que l’antidoron distribué à la fin de la Liturgie. Tout le temps qu’il ne passait pas à l’enseignement ou à la confession de ses disciples, il le consacrait à la prière, toujours baignée de larmes, et son mouchoir, qui en était toujours trempé, guérit à plusieurs reprises des malades. Chef et guide à l’autorité qui ne souffrait aucune contestation, il se faisait, à l’image du Christ, le serviteur de chacun, et portait une attention toute particulière aux malades, assumant lui-même les tâches qui répugnaient aux autres moines. Il considérait les lépreux comme le plus grand trésor de la Laure et les confiait à ses disciples les plus éprouvés. Quand un des moines mourait, le saint se rendait près du corps et fondait en larmes — non pas des sanglots d’émotion, mais plutôt des larmes d’intercession pour le salut du défunt — et, en se relevant, le visage empourpré comme par le feu, il rendait gloire à Dieu de Lui avoir offert son disciple en sacrifice agréable.

La communauté, d’abord limitée à quatre-vingts moines par l’empereur, fut portée au nombre de cent vingt vers la fin de la vie d’Athanase, et elle ne cessait d’augmenter(16). Le saint restait cependant pour chacun un père. Il encourageait ses moines au travail manuel pour éviter l’oisiveté, mère de tous les vices, et montrait l’exemple en prenant la tête dans les travaux pénibles, qui n’étaient jamais privés du chant des psaumes et du sel de la Parole divine. Il enseignait que le but de la vie monastique, dans le cénobion, restait le même que celui des ermites: « Se préparer à l’illumination du Saint-Esprit, par la purification de l’intellect, de l’âme et du corps »(17). Un jour, le moine Gérasime se rendit dans un kellion où le saint s’était retiré, et vit son visage ardent comme une fournaise. Il recula d’abord, effrayé, et quand il s’approcha de nouveau, il le contempla radieux et entouré d’une orbe angélique. Comme il avait poussé un cri qui trahit sa présence, Athanase lui fit jurer de ne révéler à personne ce qu’il avait vu.

Cette familiarité acquise auprès de Dieu, procurait au saint une divine sagesse, aussi bien dans l’enseignement de la communauté, que dans le correction des fautes de ses moines. Quand il imposait une pénitence à des frères, il s’y soumettait lui-même, et bien qu’il eût en public une attitude austère et magistrale, quand il se trouvait avec ses disciples, en privé ou pour un travail extérieur, il était toujours simple, enjoué et d’une grande douceur.

Il guérit de nombreux malades, après avoir eu soin de leur appliquer des plantes médicinales pour cacher la puissance de sa prière. Et nombre de ceux qui venaient lui confesser quelque passion persistante, comme la colère ou l’envie, s’en retournaient délivrés, après que le saint les eut touchés de son bâton pastoral, en disant: « Va en paix, tu ne souffres plus d’aucun mal ! ».

Pour répondre aux besoins de la communauté, on entreprit d’agrandir l’église et, les travaux ayant avancé rapidement grâce aux dotations impériales et aux dons d’amis du Christ, il ne restait plus que la coupole à terminer. Le saint, qui avait reçu de Dieu la révélation de sa fin, après avoir exhorté ses disciples dans une dernière catéchèse, revêtit ses vêtements solennels, se couvrit de la cuculle de saint Michel Maléïnos, qu’il ne portait que dans les grandes occasions, et fit l’ascension de l’échafaudage pour inspecter les travaux (5 juillet 1001). Soudain la coupole s’effondra, entraînant le saint et les six autres moines qui l’accompagnaient. Cinq d’entre eux moururent sur le coup, seuls Athanase et le maçon Daniel restèrent vivants, écrasés sous les décombres. Pendant trois heures, on put entendre la voix du saint murmurer: « Gloire à Toi ô Dieu. Seigneur Jésus-Christ, viens à mon aide ! ». Quand les moines affolés réussirent à le dégager, ils le trouvèrent mort, les mains en croix sur la poitrine, n’ayant qu’une seule blessure à la jambe. Son corps resta incorrompu et comme endormi pendant trois jours, jusqu’à ce que tous les Athonites, au nombre d’environ trois mille, se réunissent pour célébrer les funérailles de leur Père et patriarche. De la blessure s’écoula alors du sang frais, qu’on s’empressa de recueillir et qui accomplit de nombreuses guérisons. Par la suite, saint Athanase n’a cessé d’intervenir miraculeusement pour ceux qui venaient vénérer son tombeau, devant lequel brûle perpétuellement une veilleuse.

Quand la Grande-Laure célébra son retour à la vie monastique, le 5 juillet 1981, après des siècles passés dans l’idiorythmie (18), un liquide parfumé suinta à la surface de la vitre protégeant l’icône qui recouvre le tombeau, manifestant la satisfaction du saint.

 

1. Ce dernier était parent des Phocas et des Maléïnos. Son fils avait repoussé la cousine et amie d’enfance d’Athanase.
2. Dans la seconde Vie, c’est saint Michel qui confie Nicéphore et son frère Léon à la direction spirituelle d’Athanase.
3. Ce kellion existe toujours, à cinq minutes environ de Lavra.
4. Nommée Laure, en souvenir des grands monastères semi-érémitiques de jadis, la fondation était d’emblée destinée à être un monastère cénobitique.
5. Sur l’emplacement actuel de l’Hagiasma de Saint-Athanase. Cet épisode n’apparaît pas dans la Vie, mais a été transmis par la tradition orale.
6. C’est pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas d’économe à Lavra, mais seulement un sous-économe, et l’on y vénère l’icône de la Mère de Dieu ‘’Oikonomissa’’.
7. La première église de ce type, dit ‘’athonite’’, qui se généralisera ensuite dans tout l’Empire.
8. Avec vingt-et-une tables en marbre d’une seule pièce, qui existent toujours à Lavra, comme de nombreux autres objets de l’époque du saint, en particulier son bâton pastoral et la lourde croix de fer qu’il portait.
9. Typikon de saint Athanase (éd. Meyer p. 115).
10. Ce monastère avait été fondé, au siècle précédent, par saint Euthyme le Jeune (cf. 15 oct.). Selon certains, c’est Jean Tzimiskis qui fit don de ce monastère à la Grande-Laure.
11. L’acte, nommé le Tragos, signé par l’empereur, Athanase et cinquante-sept higoumènes et moines, qui a sanctionné cette mission, est conservé à Karyès. Il n’est montré, en présence de la sainte Communauté, que dans de rares circonstances.
12. C’est alors que furent fondés notamment les Monastères de Vatopédi, Iviron et Dochiariou.
13. Le monastère des Amalfitains, le plus important des trois monastères italiens connus à l’Athos et qui suivait probablement la règle de saint Benoît, resta en activité jusqu’au XIIIème siècle.
14. Cf. la vie des saints Jean et Euthyme, au 13 mai. Saint Athanase avait une telle affection pour Jean l’Ibère, qu’il le désigna dans son Testament comme épitrope de la Grande-Laure, chargé de surveiller la discipline monastique et de veiller à la nomination de l’higoumène, car il se plaignait d’avoir vainement cherché un successeur. Saint Jean étant décédé à la mort du saint, son fils saint Euthyme fut nommé épitrope, mais il ne put remplir normalement cette charge, à cause des dissensions entre Grecs et Géorgiens qui étaient apparues à Iviron. Les deux monastères ont néanmoins toujours entretenu des relations privilégiées, et chaque année c’est l’higoumène d’Iviron qui préside à la fête de saint Athanase.
15. C’est à la suite d’une révélation de saint Fantin qu’ils partirent ensemble de Calabre (cf. 30 août). A sa mort, le corps de saint Nicéphore laissa couler du myron. Il n’est pas mentionné dans les Synaxaires, mais il est en tout cas distinct du Nicéphore mentionné le 4 mai.
16. Elle en comptera 700 au XIème siècle.
17. Typicon (p. 102).
18.Régime de certains monastères du Mont Athos, permettant aux moines de s’organiser à leur propre rythme.

 

Troparion t.3

 

La vie que tu as menée, Athanase, dans la chair * a fait l’admiration des angéliques armées * te voyant marcher corporellement * vers les invisibles combats * et massacrer les phalanges des démons ; * c’est pourquoi le Seigneur t’a récompensé de ses dons abondants ; * illustre Père, prie le Christ notre Dieu * d’accorder à nos âmes la grâce du salut.

 

 

Kondakion t.8

 

Comme excellent contemplateur des êtres immatériels * et comme un authentique maître en la pratique des vertus * nous t’acclamons, nous tes brebis, nous écriant : * auprès du Seigneur ne cesse pas d’intercéder * pour qu’il sauve des épreuves et du malheur les fidèles te chantant : * Réjouis-toi, saint Athanase de l’Athos.

 

Kondakion t.2

 

Athanase, portant le joug du Christ * et sur tes épaules prenant la croix, * en toute perfection tu devins * l’imitateur de sa passion : * alors, il t’a permis de prendre part * à sa gloire et ses délices divins et sans fin.

 

 

 

 
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