Hippolyte de Rome (*) et ses Compagnons

Ses saints martyrs souffrirent, dit-on, sous le règne de l’empereur Claude (vers 269).

Censorin était président du Sénat romain et portait la haute dignité de magister. Dénoncé comme chrétien et soumis à l’interrogatoire, il confessa bravement le Christ-Dieu et fut jeté en prison. Il y accomplit, par la grâce de Dieu, de nombreux miracles, ressuscitant même un mort, et attira à la foi les vingt soldats chargés de garder la prison. Aussitôt qu’on apprit leur conversion, ils furent tous décapités.

On arrêta aussi, en ce temps-là, la bienheureuse Chryse, qui se distinguait par la noblesse de son origine et par sa piété. Elle fut suspendue à un gibet et eut les flancs déchirés à coups de nerfs de bœuf. Puis on l’étendit à terre pour la frapper au moyen de lourds bâtons et pour lui brûler les chairs. Tirée de nouveau de son cachot au bout de quelques jours, elle subit de nouvelles et terribles tortures et fut finalement jetée à la mer avec une lourde pierre arrachée au cou. C’est ainsi qu’elle remporta la palme du martyre.

Sabin, qui alors avait également confessé le Christ, fut lui aussi soumis à l’épreuve des nerfs de bœuf et aux torches brûlantes. Il rendit son âme à Dieu en rendant grâce au milieu des supplices.

Hippolyte était un prêtre pieux et si versé dans la science des saintes Ecritures, qu’il avait écrit de longs traités pour réfuter toutes les hérésies et avait été considéré comme pape légitime par une partie du peuple chrétien, à une époque où l’Eglise de Rome était divisée par un schisme. Lorsqu’il apprit la mort glorieuse des trois Saints mentionnés plus haut, il se précipita devant le gouverneur Vulpius Romulus, accompagné d’autres membres du clergé romain. Plein de zèle, Hippolyte blâma le tyran pour sa cruauté. Le juge irrité fit aussitôt saisir par les gardes, le Saint et ses Compagnons et ordonna de les soumettre à la torture. Après avoir enduré divers supplices, les saints martyrs furent jetés à la mer et reçurent ainsi la couronne de la victoire.

* Saint Hippolyte est une des personnalités les plus discutées de l’hagiographie. Cette mémoire du 30 janvier était primitivement consacrée à un saint Hippolyte, martyr à Antioche. Par la suite, il fut confondu avec le saint Hippolyte vénéré à Rome sur la voie Tiburtine et commémoré le 13 août dans les plus anciens martyrologes latins. Ce saint Hippolyte ne fut jamais véritablement pape de Rome, comme l’annoncent les synaxaires byzantins. Prêtre zélé, épris de la tradition apostolique, écrivain brillant et fécond, il est l’auteur de traités contre les hérésies, de commentaires de l’Ecriture, d’un traité sur l’Antéchrist, de tables pascales et de la Tradition apostolique, très important document témoignant des usages de l’Eglise de Rome au IIIè siècle (traduction: ‘‘Sources Chrétiennes’’ 11). Comme il avait refusé de reconnaître le pape Calliste (217-222), il se mit à la tête d’un parti qui le considéra comme pape légitime. Exilé ensuite en Sardaigne au moment de la persécution de Maximin (235), il se réconcilia avec le pape, exhorta ses partisans à rejoindre l’Eglise officielle, et mourut en exil. Ramené à Rome, on le vénéra comme martyr. La notice du synaxaire byzantin traduite ici, l’associe probablement à la passion d’autres martyrs enterrés non loin de son tombeau qui était devenu un lieu de pèlerinage.