Bathilde, reine de France

Née en Angleterre dans la première moitié du VIIè siècle, sainte Bathilde fut capturée, dans sa jeunesse, par des pirates et vendue comme esclave. Elle entra au service d’Erchinoald, maire du palais du royaume de Neustrie, qui, devenu veuf, lui proposa de l’épouser, tant il avait été impressionné par sa beauté, sa douceur, sa modestie et sa piété qui lui faisaient accepter toutes les tâches les plus viles avec empressement. Mais la jeune fille refusa, en lui révélant que son dessein était d’avoir le Christ pour époux.

Quelques années plus tard cependant (655), elle accepta de devenir l’épouse du roi de Neustrie, Clovis II, fils du roi Dagobert, dont elle eut trois fils: Clotaire III, roi de Neustrie et de Bourgogne, Childéric II, roi d’Austrasie, et Thierry III, successeur de Clotaire. Comme reine, elle remplit tout le palais et la cour de la bonne odeur et de l’exemple de ses vertus. Elle était pour les grands comme une mère, pour les évêques comme une fille dévouée, considérait les moines et les religieuses comme ses sœurs et ses frères, et se mettait avec empressement au service des pauvres, des orphelins et des étrangers.

A la mort de Clovis II (667), elle assura la régence du royaume jusqu’à ce que son fils Clotaire eut atteint l’âge de régner. Grâce à son influence bienfaisante, la paix fut alors rétablie entre l’Austrasie et les royaumes unis de Neustrie et de Bourgogne. Elle réprima la simonie dans le clergé, corrigea les mœurs dans le royaume, fit régner la justice et œuvra efficacement pour l’abolition de l’esclavage. A l’exemple de sainte Clotilde (cf. 3 juin), elle fonda de nombreuses églises dans tout le royaume, fit agrandir et favorisa l’expansion du monastère de Chelles (près de Paris), que celle-ci avait fondé, et répandit ses largesses sur de nombreuses autres fondations religieuses.

Elle aspirait elle-même à se retirer à Chelles pour répondre aux engagements qu’elle avait pris envers Dieu depuis sa jeunesse, mais elle ne put accomplir son pieux dessein qu’à l’occasion de la révolte suscitée par Sigebrand, évêque de Paris. Celui-ci fut mis à mort par les grands de la Cour, contre la volonté de la reine; aussi la laissèrent-ils se retirer au cloître pour échapper au châtiment qu’ils redoutaient de sa part.

Devenue religieuse, elle se soumettait à l’abbesse et aux sœurs comme la plus humble d’entre elles. Elle visitait fréquemment les malades et répandait partout autour d’elle la joie et la chaleur de la charité. Rudement éprouvée dans ses dernières années par la discorde sanglante entre ses deux fils, Childéric et Thierry, pour la succession de leur aîné Clotaire, et par une longue et grave maladie, elle persévérait cependant en plaçant tout son espoir en Dieu.

Comme le moment de sa mort approchait, elle se vit, en vision, gravir les degrés d’une échelle qui menait au ciel, accompagnée par des Anges. Et quelques jours plus tard, le 30 janvier 680, elle s’endormit en paix. Les nombreux miracles qui s’accomplissaient auprès de son tombeau en firent un célèbre lieu de pèlerinage. En 833, lorsqu’on exhuma son corps, on le trouva incorrompu et, dès lors, de nouveaux miracles se produisirent.