Germain de Constantinople
Notre saint Père Germain était fils d’un patrice célèbre et puissant, descendant de l’empereur Justinien, que l’empereur Constantin IV Pogonat (668-685) fit exécuter par jalousie. Il fit ensuite réduire le jeune Germain à l’état d’ennuque, pour l’empêcher d’accéder aux charges du Sénat, et il le rangea dans le clergé de la Grande-Eglise.
Faisant de la nécessité une occasion de gloire, le bienheureux Germain mena une vie semblable à celle des anges, repoussant toute vanité mondaine et se consacrant nuit et jour à la méditation des Ecritures et à la louange de Dieu. C’est de là qu’il tira une vaste connaissance théologique, par laquelle il allait soutenir la vraie foi. Les Pères du deuxième concile de Nicée le louèrent en ces termes: « Consacré à Dieu depuis sa jeunesse, comme le prophète Samuel, et émule des saints Pères, ses écrits se répandirent à travers le monde. Il avait les éloges de Dieu à pleine gorge et tenait Ses paroles comme une épée à deux tranchants (cf. Ps. 149,6), contre tous les adversaires des traditions ecclésiastiques ».
Consacré Métropolite de Cyzique, il lutta d’abord contre les rejetons de l’hérésie monothélite, ce qui lui valut d’être exilé par l’empereur Philippikos (711-713) qui prétendait réanimer cette hérésie. Le tyran une fois disparu, il fut rétabli sur son siège et élu patriarche de Constantinople, en 715, à la grande joie de tout le peuple orthodoxe, et il orna dès lors le trône patriarcal par ses vertus et son don de prophétie. Le jour du baptême du fils de l’empereur Léon III, Constantin, saint Germain annonça que ce dernier allait devenir un redoutable ennemi de l’Eglise (740-775), et il prédit à l’un de ses clercs, Anastase, qu’il allait usurper son trône et devenir un des promoteurs de l’hérésie.(1)
Au début du règne de Léon III, Constantinople fut assiégée par une immense armée arabe, et ce n’est que par la protection de la Mère de Dieu et les prières incessantes du peuple, dirigé par saint Germain, que la cité échappa au danger (718).
Au bout d’une dizaine d’années de règne, l’empereur commença à dévoiler ses desseins impies et il prit la parole contre le culte des saintes images, annonçant qu’il allait les soustraire au culte public (726).(2) Le saint patriarche s’adressa alors à l’empereur, lui reprochant son ingérence dans les affaires de l’Eglise et sa transgression de traditions vénérables, instituées depuis l’époque apostolique. Lorsque le Verbe de Dieu s’est incarné, se faisant homme à notre image, Il a assumé notre nature afin de renouveler en nous l’image de Dieu ternie par le péché. C’est pourquoi, en s’attaquant au culte des saintes icônes, c’était tout le mystère de l’incarnation que l’empereur renversait. Le Saint se déclara prêt à mourir pour l’image du Seigneur et conjura le souverain de cesser de troubler l’Eglise par de telles entreprises. Léon ne trouvant rien à répondre, pris de colère, souffleta le saint et le chassa. Puis il convoqua le maître de l’Ecole patriarcale, qui lui confirma le caractère ancien et traditionnel du culte des images. Furieux et dépité, l’empereur fit alors investir les locaux de l’Ecole par ses troupes qui incendièrent et jetèrent à la mer les milliers de volumes de sa bibliothèque.
A la suite de l’épisode de l’icône de la Porte de Bronze (3), l’empereur fit convoquer et amener de force le Saint, le 17 janvier 730, devant une assemblée nombreuse de sénateurs et de hauts dignitaires, afin de l’obliger à souscrire à son décret ordonnant la destruction générale des saintes images dans tout l’Empire. Après une brillante apologie de la vraie foi, Germain conclut en disant: « Si je suis un nouveau Jonas, jetez-moi à la mer. Mais sache, ô empereur, que sans un concile œcuménique, il ne m’est pas permis d’innover en matière de foi ! ». Puis, se rendant à Sainte-Sophie, il déposa son omophorion sur l’autel et se retira dans une propriété de famille, Platonion, où il finit ses jours dans la quiétude et la prière (730 ou 742), rédigeant différents traités contre les hérésies. Cinq jours après la démission de saint Germain et conformément à sa prédiction, l’empereur fit consacrer patriarche, son fourbe disciple Anastase. Ce dernier se fit le complice de l’empereur pour encourager la persécution contre tous les clercs, moines ou laïcs qui vénéraient les saintes images.
On raconte qu’après son abdication, prenant en ses bras l’icône de la Mère de Dieu, saint Germain alla la jeter à la mer, au lieu-dit Amantios, en priant le Christ de la conduire jusqu’à Rome, afin que, loin des entreprises du tyran, son frère dans l’épiscopat, le pape de Rome, puisse être le gardien des traditions. A la fin de l’hérésie iconoclaste (843), l’icône serait retournée d’elle même, sur les flots, à Constantinople, où elle fut remise à l’impératrice Théodora qui la déposa dans l’église de Chalkoprateia.(4)
1. Le jour de son sacre, il prédit aussi à la mère de saint Etienne le Jeune, qu’elle allait donner naissance à un grand confesseur de la foi (cf. 28 nov.).
2. En fait, depuis 723, saint Germain s’était élevé contre l’hérésie naissante chez certains membres de l’épiscopat d’Asie Mineure, et s’était adressé au pape Grégoire II (715-731), qui lui répondit en louant son zèle pour la vénération des saintes icônes.
3. Cf. la mémoire de ces confesseurs, premiers martyrs de l’iconoclasme, le 9 août, et de sainte Théodosie, au 29 mai. Le thème d’Hellade et les Cyclades s’étaient alors aussi rebellés contre les décrets iconoclastes.
4. Cette tradition, évidemment plus symbolique que réelle, évoque le rôle joué par Rome dans cette période troublée, où le siège du patriarche d’Occident était pour les orthodoxes, un critère de vérité à l’égard du pouvoir civil. On vénère en France, dans l’église de Bort-les-Orgues (Corrèze), des reliques de saint Germain, qui furent, semble-t-il, amenées de Constantinople après la IVème Croisade.
Troparion t.4
Dieu de nos Pères, * dont la clémence agit toujours envers nous, * n’éloigne pas de nous ta miséricorde, * mais par leurs supplications * gouverne notre vie dans la paix.
Troparion t.1
Fidèles, vénérons de tout cœur * ces deux clairons de la sainte Eglise, * le sage pontife Germain * et l’illustre Epiphane avec lui ; * le premier, pour avoir courageusement défendu l’icône du Christ * contre son adversaire Léon ; * et le second, pour avoir été * le redoutable fléau des hérésies ; * sans cesse en présence du Seigneur * ils intercèdent en faveur de nous tous.
Kondakion t.4
Ces deux pontifes si dignes d’admiration, * fidèles, acclamons-les comme il se doit : * car Epiphane et Germain * ont fait brûler la langue des impies * en exposant la doctrine * pour tous les orthodoxes chantant * à jamais le grand mystère de la foi.
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